Le corps est marqué par toute la vie cosmique depuis quelque chose d’indéfini, d’indéterminé. Notre corps porte la trace de l’origine du monde, donc le corps parle de l’origine, constamment. C’est ça le sentir, que Hegel avait pressenti lorsqu’il parlait de l’âme sentante, qu’il appelle parfois le corps. L’âme sentante, c’est le corps.
Le corps n’est pas cette matière qui crie quand on la pique, qui se réjouit quand elle jouit. Ce n’est pas ça, le corps.
Le corps est en contact avec les faits, avec le résultat de la confrontation avec moi-même, avec la société, avec le monde, avec les autres, avec le cosmos, et en même temps un contact originel, un contact premier avec l’origine. Nous sommes marqués par l’origine, comme toute chose, nous portons en nous notre origine. Je suis l’origine, mon corps est une manifestation de l’origine. Les sensations du corps nous adaptent avec le monde extérieur d’aujourd’hui, en 1991, et en même temps il nous met en contact avec l’origine indéterminée, infinie de la réalité, telle qu’elle peut être comprise.
Mounir Hafez – 9 janvier 1991