Je suis comme à côté, ou ailleurs de moi-même.
Et c’est dans cet espace d’intervalle libre que se tisse, se fabrique l’amour.
L’amour ne vient pas de la psyché, du cœur, des sentiments, de « Je vous aime », « il y a de l’amour dans le fond des êtres », « Dieu est amour ».
L’amour sort d’un vide absolu entre moi et moi.
Alors il y a une consistance, dont on dira que « Dieu est amour », dont je vais naître.
Mais ma naissance va polluer mon innocence. Je vais être conscient de l’amour et c’est la fin de l’amour. « Je sais que je vous aime », alors je ne vous aime plus, je ne suis plus cet innocent, je ne suis plus vierge.
Mounir Hafez – 24 février 1988