Dans une méditation il faut un effacement de soi. Sinon vous faites venir sur vous du vous-même et vous ne recevez rien d’étranger, rien de vivifiant. Vous ne recevez que votre propre interprétation de vous-même et du monde. Mais le silence, ce n’est pas simple. Nous trichons toujours. Il y a des gens qui ne savent pas ce que c’est le silence intérieur. Le silence intérieur est une mise à mort d’un mouvement perpétuel à l’intérieur de soi. Nous voulons toujours quelque chose, nous pensons toujours quelque chose, nous sentons toujours quelque chose. Mais si vous entrez dans un véritable silence, c’est un sacrifice terrible, une mise à mort terrible d’un fonctionnement. Alors, c’est très rare d’être dans ce silence. On risque de recevoir des forces qui vous sont étrangères, nouvelles et qui renouvellent votre système. Ces forces étrangères, elles sont fabriquées par l’homme, mais elles sont comme en plus de l’homme. Je crois que nous n’avons accès qu’à ça, à ce qui est hétérogène, étranger à l’homme, que je fabrique et qui est dans l’atmosphère, dans l’univers. L’homme, avec le capiton, semble-t-il renouvelle l’univers qu’il reçoit.
Mounir Hafez – 14 janvier 1996