Sohravardi dit : « Pose la selle de la chasteté sur le coursier de l’ardent désir. » L’ardent désir, c’est le désir d’une femme ou d’un homme ? Non ! Le désir usurpe sa place. Le désir n’est pas à sa place en tant que désir. La chasteté, c’est maîtriser, poser la selle sur ce cheval, capable de maîtriser ce désir, le coursier de l’ardent désir. Par rapport à la vitesse de la lumière, qui n’est pas en mouvement, l’ardent désir, le coursier ne court pas, il est maîtrisé par cette chasteté. La chasteté est la maîtrise du désir. Qu’est-ce que c’est que la maîtrise du désir ? C’est le contact avec le comblement naturel, avec le bonheur. Le bonheur d’exister, de faire être ma vie. Pas de me contenter de la vivre, mais de la faire être, de la porter plus haut que je ne l’ai reçue. Plus haut, plus loin. Simplement, hors des limites.
Mounir Hafez – 5 février 1992