Rilke écrivait dans un poème : « Lorsque les enfants crient en jouant, ils crient à côté de leurs cris ».
Vous avez une espèce de poussée, un cri « je suis là ! », une espèce de cri de vie « j’y suis ! »
Ce cri est à côté du cri qu’en réalité je pousse. Il y a un cri de vie qui est submergé, englouti par ce que je pourrais appeler le cri du vivant en moi.
Il y a au-delà de ce cri du vivant, c’est à dire, de cette présence physique ou de conscience, de sensibilité, un cri qui traverse ce cri, qui est comme parallèle, présent à côté. Un cri qui est le témoin du cri vivant que pousse un être physique, sensible, conscient par son existence.
Beaucoup de gens disent : « Mais écoutez, il suffit d’exister, il suffit de vivre ! »
Il y a une confusion générale là, qui donne cette pseudo présence de vous-même à vous-même, et cette pseudo présence de vous-même aux autres, qui donne un aspect factice à votre existence.
Mounir Hafez – 29 janvier 1992