23 mars 2025

On peut essayer de toucher la préexistence d’un silence dans le silence même. Il y a une préexistence de l’instant dans l’instant. Dans l’instant que vous vivez il y a un avant l’instant, dont l’instant que vous vivez est une conséquence, une projection et un déchet. Ce processus de rétroaction est important. Pourquoi ? Parce que dans l’intervalle entre ce qui existe et ce qui préexiste à ce qui existe, il y a un espace vide, un intervalle, une suspension. Comme si la conscience était suspendue, comme lorsque l’on dit « suspends ton souffle ». Cette suspension est le lieu de l’amour. C’est là où se trouve l’éveil. Ici vous percevez la dialectique de l’absence et de la présence. C’est ce retrait qui prépare le comblement, qui prépare une plénitude qui fait qu’il va y avoir un état particulier appelé amour, ou cœur, ou éveil. Cet état d’amour, cet état d’éveil n’est pas un moment fixe dans la durée, c’est une activité créatrice. Activité que l’on peut mettre en mouvement par une sorte d’attention diffuse, une espèce d’attention non attentive et qui, une fois mise en mouvement, affecte toutes les modalités de l’existence. Elle affecte, pose sa trace sur tous les événements, sur tous les actes de la personne.

Mounir Hafez – 27 avril 1985