26 mai 2024

Il y a une opération qui se fait, une opération témoin, qui témoigne par le corps, et par les sens. Est-ce que les sens s’affinent, l’odorat s’affine, l’odorat perçoit une odeur très éloignée, comme les abeilles ? Non je crois que les sens, odorat, ouïe, perçoivent quelque chose qui n’est pas dans la programmation. Ils perçoivent du pur amour, n’ayant rien à faire avec de l’affectif. Un pur amour d’être, pas amour de quelqu’un, amour de quelque chose. Une espèce de fête d’être. Il faut absolument que vous puissiez sentir qu’une œuvre d’art, comme une percée scientifique ou une percée mystique, est un moment de fête. C’est un moment où le temps, comme dans la fête, le temps bat son plein. Quand le temps bat son plein, il est arrêté, la fête est éternelle, elle ne bougera plus. C’est un temps bloqué sur la fête. C’est plus facile à ressentir dans l’œuvre d’art que dans la science. L’œuvre d’art est un moment de fête qui bloque le temps, qui crée un désir illimité, un désir de désir, comme dira Lacan. La fête est le lieu hors temps, temps bloqué, d’un désir illimité.

Mounir Hafez – 6 janvier 1993