Un visage porte en lui une quoi ? Disons le mot, une certaine lumière. Le Cosmos commence, tout de suite après la nuit, par une certaine lumière. L’homme, très, très vite, émane une certaine lumière. Homme ou femme. L’existant, l’humain. Alors, le visage n’est pas la lumière. Il est une première phase, un premier aspect, un premier degré de l’humain. Mais ensuite le visage, lorsqu’il est le condensé, ou la manifestation d’une opération qui s’est faite dans le cœur ou dans l’âme, dans la personne, il commence à émaner plus que simplement une participation au corps, il émane une lumière. Il est quelque chose qui a assisté à un événement intérieur, qui a compris quelque chose, qui a vécu quelque chose, qui a souffert quelque chose ou qui a joui quelque chose, qui a joui de quelque chose. C’est-à-dire, qui a participé à quelque chose. À un événement. À ces tremblements de terre, à un tremblement de terre, à une phase de son évolution, humaine.
Alors, on dira dans les traditions, que ce n’est plus un visage, que c’est une face. Face, c’est le mot noble pour visage. Dieu, on dit « La face de Dieu », pas « Le visage de Dieu ». La face, c’est déjà quelque chose qui est une assomption, c’est-à-dire une extraction, quelque chose qui a été extrait, et qui est la représentation d’un événement intérieur. D’un événement, un événement qu’on pourrait appeler un cataclysme, le passage du dinosaure à l’archéoptéryx ou au poulet, n’est-ce pas. Un degré de plus. Il est l’intensité du visage, il est ce qui maintenant émane de la lumière, il est l’intensité de la personne.
Mounir Hafez – 27 octobre 1993