Souvenez-vous de Saint Jean de la Croix : « Par une nuit profonde… », dans un profond silence il sort de lui-même, dans une sorte de perplexité intérieure, il sort.
Dans tout homme il y a la possibilité de se quitter à un certain moment, de sortir, ce qu’on appellera extase, sortie de soi : Sainte Thérèse, Sainte Catherine…
Une sortie de soi n’a rien de surnaturel. C’est un processus absolument naturel. On est retenu en soi, maintenu par les désirs, par le goût, et il y a la possibilité de se glisser hors de soi.
Dans la nuit, dans le rêve, on se glisse hors de soi. Alors, dans cette place vide il y a pénétration, il y a illumination, il y a connaissance.
Ce n’est pas « Renoncez à vous-même ! », mais simplement ne pas user de soi.
Est-ce une attitude passive, d’inaction, une sorte de paresse et d’indifférence, d’indolence ? Ou y a-t-il là une action que nous reconnaissons à la résistance acharnée que nous lui opposons ?
S’il y a résistance si forte, c’est qu’il y a quelque chose de fort derrière cette résistance.
Il s’agit de réorienter la force qui nous empêche de sortir de nous-même vers une force motrice de sortie, qu’on appellera, un peu dramatiquement, la mort à soi-même.
On peut l’appeler simplement : une pacification du cœur par des termes plus proches de nous.
Mounir Hafez – 7 septembre 1991