Hommage à Mounir Hafez
Terre du Ciel N°51

“ Faisant de son cœur un voile qui est plein de trous comme une vieille couverture, le disciple le met en présence du Maître. Le voile rit par cent bouches, chaque bouche devient une fente ouverte au Maître. Car il y a une fenêtre entre le cœur et le cœur. ”
Rûmi
On ne peut clore ce millénaire, sans rendre hommage à un homme exceptionnel, mystique, poète, philosophe, Maître spirituel, métaphysicien, traducteur, conférencier : Mounir Hafez.
Sa vie (1911-1998) et sa pensée enveloppent notre siècle et le préparent aux temps à venir.
Une pudeur nous retient de parler de lui, par l’impossibilité de livrer une zone en soi qui est réservée à des opérations qui ne peuvent se faire que dans le silence et le secret. C’est qu’un point vierge du cœur se dérobe aux confidences. Chaque rencontre était calcinante, un torrent qui tout à la fois vous anéantit et vous ressuscite. Un jaillissement intarissable, visant au cœur de chacun.
“ Comprends que ta détresse est le désir ardent des yeux de ton cœur qui cherche la Lumière infinie. ” Il y a plus de trente ans, cet appel de Rûmi a conduit certains au centre “ l’Homme et la Connaissance ”. Pir Vilayat Inayat Khan, A. Desjardins, P. Lebail, Jean Klein, Swami Nityabodhananda, Swami Ritajananda et des lamas tibétains y donnaient régulièrement leurs enseignements traditionnels, souvent accompagnés de rituels chantés.
Un soir, le programme indiquait Prince Mounir Hafez “ Maître et disciple dans le Soufisme ”. Subversif, avec un scintillement ludique dans ses yeux, et un afflux de tendresse, teinté parfois d’une ironie courtoise, il nous inquiétait. Il nous faisait toucher notre désarroi, et une révolte intime contre notre inexistence. Ce n’est pas un enseignement, c’est une perforation, nous lançait-il.
Il parlait du Khedr, de l’Homme Vert, l’éternel adolescent, qui est le Maître spirituel invisible, réservé à ceux qui sont appelés à une filiation directe au monde divin, sans intermédiaire. Et il ajoutait que l’éveil est la redécouverte d’un trésor perdu depuis longtemps, s’adressant au plus intime de l’âme.
“ Démolis ta maison, le trésor se trouve sous la maison. A la fin, celle-ci tombera d’elle-même en ruines, et le trésor qu’elle recelait sera sûrement révélé, mais il ne t’appartiendra pas. Car l’esprit reçoit ce don divin comme salaire en vue de détruire la maison. ”
Rûmi
Nos failles, l’entre-deux des déchirures, devenaient lieux d’apparition de forces nouvelles, ouvertes à l’expérience qui est accès au sans accès, la percée, la brèche de Maître Eckhart et de tous les mystiques. “ Nous sommes là où nous n’avons aucune nouvelle de nous-mêmes ”.
Par une brièveté fulgurante, certains mots et images s’évanouissaient comme s’ils ne devaient pas franchir le seuil de l’âme. Mots comme pris en défaut par rupture, éclairs d’une lame qui vous pénètre par effraction, il parlait en arabesques, tendu vers l’inaccessible. Tout y était authentique, improvisé, instantané, vérité jamais gagnée mais perpétuellement dérobée et défiée. Cela aimantait et opérait en nous une mutation, une transmutation, non pas dans une autre réalité, mais alimentait et suscitait la réalité intérieure à nous-mêmes “ qui brille de son feu propre ”. Ses derniers mots ce soir-là furent : “ Votre bateau aurait-il la capacité de maintenir sa vacuité pour être empli de la Présence qui lui échappe ? ”
Nous pûmes le suivre durant 20 ans aux nombreux Congrès, au Musée Social, aux Colloques Interreligieux à Domus Medica, aux Entretiens de la Gendronnière avec T. Deshimaru, à Paris avec le Dalaï Lama (en 1982), en écoutant ses émissions à France-Culture etc., et entre 1975-97, participer à son groupe de recherche qui se réunissait tous les quinze jours, alors que nous avions aussi des séminaires à la campagne, deux fois par an.
Il évoquait souvent Swamî Ramdas dont la bénédiction l’accompagnait. Sans savoir que leur rencontre aurait lieu, des larmes spontanées, et comme une fièvre l’ont envahi quatre jours auparavant, appel de la chair spirituelle de Baba. Sa rencontre personnelle et la longue méditation avec Kalou Rimpoche lui étaient précieuses. Il était aussi très proche de Krishnamurti. Leurs quêtes se rejoignaient, basées sur l’expérience intérieure, les références traditionnelles en étant l’aliment.
“ L’Expérience est la trace du Sans-Trace ”, disait-il lors d’un Colloque. “ Le Réel est ce jaillissement calcinant du présent, cette saisie de l’instant où se volatilise le moi, c’est une déchirure du temps qui ne laisse pas de trace. L’instant se détache, se sépare de la trame infinie, et en même temps marque la continuité éternelle de nouveaux commencements. Où commence le temps ? A moi. L’instant, c’est le départ de moi vers moi : présence coagulante et solvante à la fois de l’être en suspens. ”
Il était entièrement libre de son histoire, alors que sa vie fut des plus étonnantes, marquée par de nombreux piliers, dont en tout premier lieu : sa Mère, Louis Massignon et Henri Michaux.
Mounir H. est né dans la splendeur de la Cour ottomane à Alexandrie, l’une des villes les plus cosmopolites et raffinées du monde. Sa cousine Farida était reine d’Egypte, épouse du roi Farouk. Son grand-père maternel fut gouverneur du Caire pendant cinquante ans, sous cinq souverains différents, son grand-père paternel fut ministre des finances durant 22 ans.
Sa mère, la Princesse Nadgia Zulficar, célèbre par sa ferveur mystique, son érudition et son hospitalité fut avertie, par les présages de Maîtres, des dons et de la vocation exceptionnelle de son fils. Elle se retira discrètement des réceptions et des fêtes, pour inviter et protéger les Soufis errants. Elle les entourait de soins, suivit l’enseignement de l’ordre des Baktashi; végétarienne, elle dormait sur un matelas à même le sol. Mère et fils partageront la mystique persane, arabe et chrétienne ensemble. Elle deviendra disciple de son fils.
Leur palais fut ouvert aux savants, chercheurs et religieux occidentaux ; ils y accueilleront Louis Massignon, Henri Michaux, F. Schuon, M. Lings, Enel et Schwaller de Lubicz, J. Lacan et Kavafy, Eva Daumal et tant d’artistes, poètes, savants et religieux. La meilleure amie de la famille était la chrétienne Mary Kahil, fondatrice des Mardis de Dar el-Salam au Caire, véritable centre œcuménique. Mounir H. y donnera des conférences plus de dix ans (entre 1948-60) sur les Mystiques musulmans avec L. Massignon, P. Gardet, P. Anawati, Frère Voillaume et d’autres.
Lors du coup d’Etat de 1952, toute la famille royale fut expulsée d’Egypte et s’exilât. Jamais il n’a songé à regretter tout ce qu’il a perdu.
“ Celui qui est amoureux n’a pas peur pour sa vie ”.
Baba Tahir
Après une licence de philosophie et de psychologie à la Sorbonne, il s’orienta vers la psychiatrie, pour les mystiques hospitalisés. Il fit deux ans de stage à l’hôpital Ste Anne auprès de J. Lacan. A la Préfecture de la Seine, il suivit des cours sur “ l’Aliénation mentale ”, pour apprendre à détecter la folie simulée du vrai délire. Il cherchait à déceler les éléments de l’expérience mystique visionnaire des artistes, notamment chez Antonin Arthaud, son ami. Par sa thèse, il clarifiait la “ Physiologie des corps subtils et les organes de perceptions suprasensibles dans le soufisme ”, cherchant le passage entre l’expérience des traditions spirituelles et l’approche de la psychiatrie moderne, dont il ne cessera de suivre l’évolution.
C’est probablement à cette période qu’il a fait une retraite de plusieurs années dans le désert de Wadi Natrun près d’Alexandrie. Il y rencontra des “ aimantés ”, des “ fous de Dieu ” qui crient des prières sous un soleil ardent, et des Communautés Soufies. Le Coran n’est pas un code de conduite, mais un témoignage oral qui hurle quand on l’avale. Sa mère déposait de la nourriture devant son abri, car Mounir H. voulait rester dans un isolement absolu. Des expériences très fortes du monde suprasensible le visitaient. Khedr et les Veilleurs, les Cavaliers de l’Invisible le soutenaient, disait-il parfois.
“ Il y a des courbes individuelles de destinée spirituelle, qui forment une chaîne invisible d’intercesseurs pour l’ensemble des hommes. Ce sont ces âmes amoureuses, les mystiques qui sauvent l’histoire de l’effondrement. ”
Il pouvait partager ses expériences avec son ami, Fol en Christ, Louis Massignon (1883-1962) dont l’exister nu, la parole ardente, l’humilité et l’érudition le bouleversaient. A chaque rencontre, ils s’embrasaient sur la présence des Abdâl parmi nous, des saints apotropéens (du grec apotropé : action de détourner, d’écarter), les “ substitués ” intercesseurs, guérisseurs qui ont choisi la compassion réparatrice, l’offrande de leur vie. Ils ont arpenté le désert à la recherche des sanctuaires, oratoires, cimetières, tombeaux en ruines afin d’établir la Topographie des lieux saints en terre d’Islam. Massignon était archéologue, linguiste orientaliste, islamisant, fondateur de l’Institut des Etudes Islamiques, et des Amis de Gandhi, disciple fervent du Mahatma, au tombeau duquel il aimait faire pèlerinage. Avec Mary Kahil, il a fondé la Badalîya, une sodalité de prière basée sur la substitution mystique. “ J’ai compris mieux que jamais qu’il n’y a ici-bas qu’à compatir de toute son âme pour les plus humbles, les plus délaissés, les plus haïs, et que la Badalîya n’est pas autre chose que ça. ”
Mounir H. l’a assisté pendant trente ans au Collège de France, et à la section Sciences Religieuses de l’E.P.H.E., collaboration longtemps poursuivie avec Henry Corbin. Sa thèse sur la mystique musulmane est intitulée Le Livre. Lorsque l’on passait devant l’église St François Xavier, il évoquait la messe d’enterrement de Massignon, avec un éclat sur le visage “ et Massignon était là, debout, flamboyant ! ”
La fraîcheur irrévérentielle et insoumise du mouvement Surréaliste répondait à sa soif de défi, de provocation. Il a questionné et a traqué la réalité qui se dérobe, par des jeux de mots débridés, des associations imprévues, comme en amont de lui-même, dans une part inconnue et créatrice. André Breton recommanda la publication de ses poèmes dans différentes revues littéraires et philosophiques. Mounir H. et Michaux se reconnaissaient complices, et une fraternité à vie les unit. Hartung, Nicolas de Staël, Bram van Velde, P. Soulage, S. Poliakoff, Man Ray, P. Eluard, R. Queneau, G. Bataille, Marcel Duchamp, De Chirico, P. Klee, Miro, Giacometti, J. Degottex seront aussi ses très proches. Il se passionnait pour l’art contemporain, la peinture, la sculpture, la danse, le théâtre. Il écrivit de nombreuses pièces de théâtre.
De la gémellité spirituelle, qui les liait, témoigne son texte sur H. Michaux : “ Il a su donner modernité à l’expérience de soi. Aux techniques orientales de libération et de connaissance, il a ouvert de nouvelles portes. A l’Occident exilé il redonne passeport. Homme nouveau il est par ce passage en lui-même ouvert, ouvert à tous…L’énergie spirituelle, toute énergie se communique par rayonnement. Distributive d’elle-même pour se régénérer. Par dilapidation sans cesse enrichie. Doué de cette énergie mise au secret du cœur en chacun de nous, et pour l’avoir libérée, H.M. possède de quoi surprendre… Mise à feu des résidus d’expériences antérieures, l’œuvre d’H.M. est du même coup mise au jour d’une expérience sans fin ni commencement. ” , Cahier de l’Herne N° 8.
Après la guerre, il préside un groupe de Recherche sur le Symbolisme avec F. Schwaller de Lubicz, E. Canseliet, René Alleau. Avec Massignon, Bataille, Gabriel Marcel, ils organisent des discussions publiques à la revue Dieu Vivant. Il collabore à la rédaction de la revue Hermès avec Jacques Masui, Lilian Silburn, J. Paulhan, M. Eliade, et toujours H. Michaux et H. Corbin. Il fut membre de la Société de Culture européenne et de la Fraternité d’Abraham avec J. Nantet et Pierre Emmanuel, où il donna des conférences, tout en écrivant de nombreux articles sur les tendances actuelles de la pensée, et sur “ Les formes apparitionnelles ” avec Matila Ghyka, Heisenberg, Boulez, G. Mathieu. Sollicité par J. Berque et Yves Bonnefoy au Collège de France, il refusa de plus en plus la vie publique et les publications.
“ La mystique ne peut être révélée par l’enseignement mais seulement par l’expérience, l’initiation, le transport, l’extase et la transformation intérieure. Définir l’ivresse… est autre chose que d’être ivre. ”
Ghazali
Pour ses amis proches, il proposa un travail suivi, en petits groupes de recherche, et leur consacra les vingt dernières années de sa vie (causeries et séminaires donnés à Paris et à Zürich).
Ses groupes se composaient de quinze personnes environ qui se réunissaient autour de lui : des artistes, musiciens, enseignants, thérapeutes, ingénieurs, physiciens, employés etc.
Aux avant-postes de la pensée, des idées, de la création artistique, Mounir H., lors de ses séminaires et causeries, accélérait inlassablement et avec une puissance fantastique la matière la plus subtile de l’homme. Puis par une virtuosité dans les paradoxes et la provocation, il engendrait des collisions intimes en chacun de nous. Il était le détecteur qui traçait les particules fraîchement sorties de leur gangue sociale pour y retourner aussitôt. Il possédait alors une connaissance intime de la matière renouvelée de chacun.
Nous assistions ébahis, éberlués, admiratifs, incrédules, révoltés à ces expériences qui engendraient de superbes gerbes intemporelles et fugaces, défiant toutes les lois de l’homme actuel pour aller au plus profond, pour réveiller, révéler et traquer la trace de l’étincelle originelle, pour qu’à chaque seconde la collision de la création du monde se produise. Infatigable et avec une dextérité vertigineuse, il jonglait avec les mots, les cultures, les idées, la pensée, l’art, la science, les langues pour faire éclater au jour la fraîcheur de l’homme renouvelé.
C’était un homme de parole, celui du corps, des formes, picturales ou musicales, la parole qui permet de rester en vol, insaisissable, de pouvoir se nier et déconstruire constamment tout modèle et système, avec une joie ludique. “ Du fond de l’abîme, son allégresse… ”
Sa présence était à nulle autre pareille, matutinale, corrosive, traquant les petitesses, les fuites, les masques. Nos forteresses se lézardaient face à ce raz-de-marée qui nous condamne à inventer un sol à chacun de nos pas, et qui semble crier Haut les cœurs ! Nous faisions aussi exercices et méditations, pour prendre la lumière un instant, et échangions entre nous. L’œil vif et malicieux, l’écoute tendue vers l’autre, l’Autre en l’autre, son indulgence, sa tolérance et sa compassion nous offraient l’illusion de comprendre ce que nous ne comprenions pas et d’être de plein pied avec lui.
Une question revenait sans cesse dans nos discussions, celle du point de contact entre les mondes, celui où nous sommes soumis au temps, et celui de l’invisible, de l’indéterminé. Nous défendions notre droit de regard, notre espoir humain à participer à l’affaire ; Mounir H. prônait une étanchéité totale. Nous résistions. Il érodait patiemment nos certitudes. Mais chacun savait qu’il avait à la fois tort et raison, et que le jeu n’avait pour but que de nous convier mutuellement à une lumière plus haute. Le langage était moderne : on évitait d’utiliser des vieilles pièces de monnaies qui n’ont plus cours; mais on relevait les traces anciennes des mystiques, on évoquait Lacan aussi bien que Foucault, l’astrophysique tout comme l’art des jardins. Son épée était de celles dont l’éclat accompagne les plus profondes blessures.
La sincérité de ses aveux sur lui-même nous bouleversait au plus profond. Ainsi découvrions-nous toutes les vies qu’il mena, toutes les vies qu’il croisa et qui le marqua profondément, toujours réapparaissant et disparaissant, tout en étant toujours de la plus exigeante des fidélités.
Mounir H. nous permettait une visitation des zones les plus intimes, les plus métaphysiques de l’être, pour aussitôt s’en retirer et effacer toute possibilité d’ancrage, de profit, comme d’un constant passage de l’absence à la présence et de celle-ci à l’absence. Position insaisissable, à peine aperçue dans sa bouleversante intensité.
Sa communion avec les bafoués, les meurtris et sa volonté de saboter les privilèges et le profit, à boycotter le confort, n’ont jamais faibli : sa jeunesse restait vive, ardente.
Pauvre et nu, offert à la Présence, il savait changer toute souffrance en Présent, en cadeau, en don, éclairé par la grâce. Il remerciait tout, sans rien attendre. Son humilité, sa solidarité, sa confiance, sa férocité et son infinie tendresse étaient pour nous un cadeau inestimable. Il voulait vivre en silence, inaperçu, invisible, inconnu, en homme tout à fait ordinaire, sans signe distinctif, effaçant ses propres traces.
“ Ce qui est a-causal ne laisse pas de trace. Dieu, la Divinité apparaît comme celui qui, en apparaissant se récuse, qui se nie par sa présence même. C’est celui qui est capable de se nier, de se récuser qui EST. Qui se montre, et par ce qu’il montre, se récuse. ‘Dieu se connaît lui-même’. ”
Mounir Hafez
“ Souviens-toi, ô mon fils, de rester toujours en vol, car c’est au nid que l’on prend les oiseaux. ”
Avicenne
Sur les traces du Sans Trace, Fils de l’Instant, il était déroutant et provocateur. Rapide et léger, libre d’inventions surprenantes, son regard embellissait chaque chose avec l’injonction Sois ! Une énergie anticipative dans l’âme, une force en avant et au-delà de la personne : l’infinitisation de Lui-même. Il était le Grand Œuvre alchimique lui-même.
Et ce n’est pas tant son érudition gigantesque qui nous essoufflait, mais cette capacité de “ faire feu de tout bois ”, faire jaillir une flamme vivante, toujours pour la première fois, neuve. Faire être une Nouvelle Matière. A traquer, guetter, provoquer la Présence Réelle. Entrer en contact avec une réalité intérieure. A travailler chaque fois différemment, et après chaque rencontre, la stupeur d’être fraîche, renouvelée, pour la première fois unique.