L’œuvre
Très tôt, Mounir Hafez s’est intéressé aux interrelations entre la mystique et la psyché, ainsi qu’à la physiologie des corps subtils et des organes de perceptions suprasensibles. Il a cherché à établir un lien entre les expériences spirituelles soufies et chrétiennes et les états d’intensité et d’incandescence créatrice vécus par certains artistes. Il fut particulièrement proche de nombreux artistes tels que Hans Hartung, Jean Degottex et Nicolas de Staêl.
Pour Mounir Hafez, la transmission ne pouvait être que orale. Pour lui, il était essentiel de transmettre à l’autre « directement la vérité qu’il EST, mais qui se trouve obscurcie, qui se trouve oubliée, qui se trouve dispersée ».
Il avait à cœur d’amener à une expérience fondatrice indicible qu’il savait provoquer chez les participants grâce au contact avec des œuvres d’art, la musique et de nombreux exercices et méditations guidées. Son enseignement ayant été dispensé les 15 dernières années de sa vie à des groupes constitués, il avait accepté que ses paroles soient enregistrées.

Mounir Hafez était un homme de parole vivante. Il nous provoquait et parlait en arabesque, sans laisser au mental aucun repère où s’accrocher. Expérimentateur, il nous a proposé des exercices sur la perception, utilisant sons et formes, couleurs et odeurs, peintures anciennes et modernes, la physique quantique et la biologie, vidéos sur la danse et l’astrophysique. Il percevait où nous en étions et a persévéré à développer en nous les « sens suprasensibles ». Sans caisse de résonance, à qui adapter ses propos ? Seule la parole vivante lui a permis de constamment créer et recréer, effacer et rebâtir les thèmes proposés, en les éclairant par différents points de vue, remplis de paradoxes et d’humour.

Effacé, comme il était, il n’aspirait à aucune reconnaissance par la publication de ses œuvres. A part quelques poèmes et nouvelles parus de son vivant dans les revues, ce n’est qu’après qu’il nous ait quitté que certaines de ses conférences ont été réunies dans deux ouvrages à ce jour publiés « Entre tradition et pensée contemporaine » (Ed Les deux océans, en 2005) et « Ce moi sur lequel ma vie ne peut rien » (Ed. d’Orient et d’Occident, en 2006). Simultanément à la parution de ce dernier livre plusieurs textes de Mounir Hafez ont été mis en ligne sur le site de Jean Moncelon : Soufisme, Le Temps et l’Instant, Khidr. Le bon génie.