La Présence délaisse le processus de la vie, c’est-à-dire mes désirs, mes souvenirs, mes sentiments, mes pensées. Elle descend plus profondément, comme un nuage lourd descendrait dans les profondeurs de l’Être. Mais cette Présence profonde, primordiale qui me précéde partout où je suis, où je vais, je l’ai délaissée pour les aventures de la conscience, les aventures de mon vécu sur lesquelles je me suis concentré. Il apparaît un sentiment de reconquête de cette Présence délaissée qui est un sentiment très important ; c’est le beau thème de l’exil et de la reconquête de l’habit de lumière. Cette reconquête est attendue en moi, elle est souhaitée, elle est comme imminente à chaque moment. À chaque tournant de mon existence elle est comme ce qui est sur le point d’advenir.
Mounir Hafez – 29 septembre 1989